Ik ben hier over een dag weg. Tweehonderd dagen afgevinkt. Wie wist het nog niet?
Het luchtte op toen ik twee maanden geleden besloot om een punt achter mijn loopbaan in Haïti te zetten.
Het is redelijk goedkoop om te stellen dat het allemaal Ingrid haar fout is. Ze kreeg inderdaad vrij snel nadat zij voet op Haïtiaanse bodem zette problemen met haar luchtwegen. Probeer maar eens gezonde lucht in te ademen in Port au Prince... En ik geloofde haar toen ze me vertelde dat ze niet van plan was om de rest van de twee jaar in haïti uit te zitten met pufkes, zo van het soort medicijnen dat je longen tegen beter weten in op dreef houden.
Nee, serieus, het zal ook wel aan mij liggen. Duizenden frustraties, waaronder de meest voor de hand liggende: er komt geen beweging in het werk; en er is nauwelijks internet (waardoor het eigenlijk zinloos is om te werken, onze videos kan je namelijk enkel op het internet bekijken). Het feit dat ik deze tekst twee weken geleden in Haïti schreef, en pas nu samen met wat foto's vanuit de States kan posten dankzij een breedbandverbinding, zegt wat dat betreft genoeg.
Tegelijk doet het pijn om mensen die ik nu pas beter leer kennen, in de steek te laten. En dat zijn er nog al wat:
Beethoven, Gotson, Jude Stanley, Francesca, Ralph, Sylvestre, Evelyne, Wilzer, Paulette, Ronald, Sen Mak, de buurvrouw achter de hoek, de buurvrouw achter die hoek en zovele anderen.
Ben ik er met een zotte kop aan begonnen? Ik denk van niet. De psychologe die Broederlijk Delen had aangesteld om mij binnenste buiten te keren, vond weliswaar dat ik een randgeval was, maar ze heeft me toch laten vertrekken.
Ben ik er met een zotte kop mee gestopt? Ook niet. Haïti is een extreem moeilijk land om in terecht te komen, zeker na de aardbeving, zeker na de cholera, zeker met de heersende politieke instabiliteit. Internationale NGO's die hier actief zijn krijgen hun vacatures niet ingevuld. Eigenlijk wil bijna niemand hier naar toe, behalve een dozijn of wat avonturiers en een paar halve garen die hun schoonmoeder per sé willen teleurstellen.
En toch. De handvol Belgen die ik hier heb ontmoet, willen niet meer weg uit Haïti. Er is, bijvoorbeeld, nooit alcoholcontrole op de weg. De mango's zijn goedkoop. De rum is excellent. Altijd zon. Niemand haast zich. "En Haiti, on ne court pas", vertelde een Unesco medewerker me onlangs toen ik hem vroeg naar zijn bevindingen na twee jaar Haïti.
Er is, kortom, aan alles wel een mouw te passen. Dit is een paradijs voor plantrekkers die niet vies zijn van extreem. En wiens schuldgevoel niet opspeelt telkens ze een bedelaar op hun weg tegenkomen.
Toen ik mijn afscheidsbrief voorlas aan alle medewerkers van Groupe Médialternatif, ging ik niet die toer op. Ik zocht naar aanknopingspunten die overeenstemden met de letters in het woord HAITI.
De H, van Honneur, Respet (een typisch Kreoolse uitdrukking) en van Hospitalité ;
A, van Agréable ;
I van Idol ;
T van Traumatisé en van Travailler ;
I van Irregularité.
De hele tekst, in het Frans, kan je hieronder lezen.
En de foto's zijn van het afscheidsfeestje, op vrijdag 29 april tussen half vier en half vijf. Om vijf uur verliet ik het gebouw. Bevrijd, toch wel.
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Je veux vous parler de cinq choses qui m'ont touché pendant les sept mois que j'ai passé parmi vous. Cinq thèmes, si vous voulez, un pour chaque lettre dans le mot Haïti.
Le H.
Honneur.
Honneur respect, une tradition qui reflecte pour moi une hospitalité quasi illimité, encore un mot qui commence avec H. Honneur respect, cela me fait penser à la rencontre en Gressier, dans le cadre d'un video pour Iteca, avec des agriculteurs. Ici, on frappe sur la barrière pour demander Honneur. Là, dans la montagne de Gressier, je ne savais même pas laquelle des maisons était pour les poules ou pour les hommes. La maison n'avait pas de barrière et j'ai donc pas demandé honneur. Mais néanmoins ces gens là m'ont offert une soupe et coupé un cocos avant de commencer un interview sur le goudugoudu.
Aussi, Honneur respect me fais penser au moment que tout le monde ici présent était en train d'écouter ou de regarder le speech du retour de Aristide. J'avais l'idée que pour quelques unes parmi vous c'était un moment magique. Cela me renforce dans l'idée que la peinture dominante dans nos nouveaux bureaux est une erreur. Ou est-ce que le rose était en promotion?
Le A.
Agression
Quand on lit un article sur l'Haïti dans un journal en Belgique, on revient toujours sur la criminalité et l'agression. Tandis que nous, on a constaté qu'on y retrouve une population très agréable. Et ça c'est aussi avec un A. Un A avec majuscule, je veux insister.
J'ai pensé beaucoup pourquoi Beethoven a choisi de plus ou moins détruire sa voiture pour me montrer le petit paradis frais qui s'appelle Kenscoff.
C'était pas l'amour qui parlait à ce moment. Oh oui je sais qu'il m'aime dans son propre style, et que cela donne feu à la jalousie de Ralph, mais c'était pas ça. C'était pour me convaincre que votre pays vaut la peine, pour éviter aussi que je juge le pays par l'appréciation de son capital qui est malheureusement pas très positive. Mais bon: Jacmel, très agréable, Port Salut, très agréable, Francesca, très agréable. Encore mieux: Francesca sur la plage de Port Salut.
Le I.
Idol
Comme on adore le Bondieu ici! Moi personnellement je suis pas un fan.
Est-ce que le bondieu a mérité l'adoration de tous ces Haïtiens qui vivent dans des circonstances inhumain? Selon moi, le blanc, le bondieu n'a pas encore trouvé des solutions pour aider l'Haïti non plus.
Contradictoirement, j'ai jamais rencontré un pays avec un peuple si religieux. Et grâce a dieu j'ai rencontré un chorale exceptionnelle et une soliste séduisante.
Le T.
Traumatisé
Depuis mon arrivé j'ai entendu le mot séisme et tremblement de terre et 12 janvier au moins une fois par jour. La misère après le tremblement de terre n'a pas arrêté: à peine deux semaines après mon arrivé, le choléra a commencé a tuer des milliers des gens. En novembre un ouragan nous a frappé et un premier tour des élections qui était mis en scène par un groupe de mauvaises acteurs. La liste de tristesse continue, et j'espère pour vous que tout cela va changer un jour.
Et dans un autre contexte, bien influencé par ma sortie avec Jude Stanley cette semaine, la lettre T me fais aussi penser au verbe travailler. Malgré un taux de chômage immense, pas mal de philosophes - ou est-ce que je dois dire pas mal de Casa Novas et Don Juans, ont insisté à une nouvelle définition du verbe. Une definition, c'est vrai, qui donne goût pour travailler.
Impotence? Non-existant en Haïti.
Donc il me faut un autre mot avec I pour conclure les lettres H A I T I.
Illégalité? Non, on ne peut pas appliquer cela non plus. Dans un pays ou il y a presque pas de cadre pour déterminer la légalité, l'illégalité reste une banalité.
Irrégularité? Qui, c'est ça peut-être. Qu'est ce qu'est régulier, qu'est ce qu'est normal dans ce pays? Il faut avoir toujours un plan B et C à coté du plan A. Plan A: EDH. Plan B: inverter. Plan C: génératrice. J'avais du mal à m'adapter, mais finalement j'ai fait ma propre interprétation. Plan A: Ingrid. Plan B: Francesca. Plan C: Ralph.
Bref, conclusion. J'ai pas compris votre pays. Je le répète: je suis arrivé comme observateur, et malheureusement j'ai pas vraiment pu retrouver les outils pour éplucher cette société si complexe. Parfois mes frustrations ont mené vers des commentaires qui peuvent être interprété comme provoquant. Je m'excuse pour cela.
Je pars avec plus de points d'interrogation que quand je suis arrivé. Parler devant un groupe de journalistes n'est pas évident. Chaque mot est balancé, rassurez vous que je transpire maintenant et que c'est pas a cause de la température. Alors je termine ici si Bondieuvle.
J'ai soif, je vais boire une bière un de papadap. Et vous?
Merci,
Hans